qui sommes-nous? La typographie 
(Guy Chevalier)
Vie et oeuvre de Jan Brito Actions
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De Bretagne en Flandres par
Jean-François Gautier
 pour Kistinenn

















L'EUROPE AU XVe SIÈCLE 

    –QUELQUES REPÈRES–
          

Au début du xve siècle, il existe en fait trois France. La partie nord et la Guyenne sont sous domination anglaise. Le sud reste fidèle au souverain français. Quant à la troisième France, la plus riche sans doute, celle des ducs de Bourgogne, sa capitale est à Dijon mais sa vitalité en Flandre. Tout à l'ouest, « la Bretagne reste une oasis – elle est relativement prospère – au milieu d'un monde devenu fou ».  Objet de convoitises de la part des souverains anglais et français, elle tente de préserver l'indépendance fortement compromise de son duché (Fougères en 1449, Saint-Aubin-du-Cormier en 1488).

Avec dix-huit millions d'habitants (l'Italie n'en compte que douze et l'Angleterre six), la France est le pays le plus peuplé d'Europe. Mais la région la plus densément peuplée est celle des Pays-Bas avec quarante habitants au kilomètre carré, contre trente-quatre en France.

Outre les guerres, la mortalité infantile et les épidémies déciment les populations : onze vagues de peste déferlent sur Londres en cent ans. Les disettes font également des ravages : la Flandre, dont les rendements agricoles sont pourtant les plus élevés d'Europe, connaît dix-huit années de mauvaises récoltes pendant la seconde moitié du xve siècle. Malgré tout cela, une croissance démographique s'amorce en Europe.

INNOVER

Période à la fois de rupture et de transition entre un Moyen-Âge dont il conteste l'héritage et la Renaissance qu'il va engendrer, le xve siècle devra innover pour survivre. Jusqu'alors, la société reposait sur deux piliers réputés indestructibles : le système féodal et l'Église.

Cette dernière, ébranlée par le Grand Schisme, déchirée entre des conceptions monarchique (le pape seul commande) et parlementaire (le pouvoir appartient au Concile), traverse une crise profonde. Deux papes qui s'excommunient l'un l'autre, le concile de Bâle qui dépose le pape « officiel », les abus de certains hauts-dignitaires : tout cela déroute les laïcs mais aussi le clergé. Quant au système féodal, sa pyramide s'écroule, à l'image de la chevalerie restée à terre en 1415 à Azincourt.

Innover devient une nécessité vitale. Le xve siècle entame une véritable révolution intellectuelle, technologique et scientifique qui va modifier profondément les modes de pensée et de vie de l'Europe. Le monde des affaires s'organise, une finance internationale se constitue : le capitalisme supplante progressivement le système féodal.

La science prend ses distances avec la théologie : le monde physique va être étudié, exploré, disséqué. Caravelles, horloge mécanique, haut-fourneau et typographie métallique transforment la vision du temps et de l'espace, des choses et des êtres.

Les peintres sont plus attentifs aux détails : le portrait, genre nouveau, reflète la réalité du modèle. L'individu prend de l'importance. Les nations prennent conscience de leur identité : les styles (flamand, italien, etc.) se singularisent, une littérature en langue nationale commence à se développer.


DU MANUSCRIT À L'IMPRIMÉ

Depuis le xiiie siècle, la demande de textes n'a cessé d'augmenter. Pour y répondre, des ateliers de copistes se sont installés près des universités. Copie artistique, copie à la chaîne, copie collective sous la dictée : les procédés varient en fonction des besoins de la clientèle. Les textes sont rarement relus : le lecteur les corrigera lui-même.

Ce mode de production est lent et coûteux : le livre est une denrée rare et précieuse. Sur une gravure représentant la salle de lecture de la Bibliothèque de Leyde (Hollande), on voit les livres enfermés dans des reliures de fer, elles-mêmes reliées par des chaînes aux tables de lecture. Aussi, existe-t-il des boutiques de location, un commerce du livre d'occasion, mais aussi un marché noir où livres volés et livres piratés trouvent facilement acheteurs.

Au xive siècle, une technique se développe : la xylographie, ou gravure sur bois. À l'origine, elle est utilisée pour reproduire des images pieuses et des cartes à jouer : le dessin est tracé à l'envers sur une planche de bois qui sera creusée pour ne conserver que les reliefs à recopier.

Puis va s'ajouter au dessin une courte légende, elle-même gravée à l'envers dans le bois. Peu à peu, le texte occupe une place plus importante. Dès la fin de ce siècle, on trouve des livres imprimés selon cette technique(en particulier la Biblia pauperum, la Bible des pauvres). En réalité, l'imprimerie existait bien avant Gutenberg... Lettre après lettre, des pages entières de textes furent ainsi gravées dans le bois puis imprimées. Mais le procédé avait des inconvénients : le bois s'usait, la qualité n'était pas constante, le nombre des tirages était limité.

Il fallait donc trouver un système plus performant : cette préoccupation se retrouve dans plusieurs pays d'Europe au début du xve siècle.

Qui eut l'idée d'utiliser des caractères isolés, mobiles, réutilisables? Qui emprunta aux artisans du métal certains de leurs principes et de leurs matériaux? Qui donc inventa la typographie métallique qui allait révolutionner l'imprimerie? Sans doute plusieurs personnes. Pour sa part, le Musée universel de l'Imprimerie de Mayence retient quatre « Gutenberg konkurrenten ». Dans l'ordre : Johannes Brito à Bruges (Belgique), Prokop Waldvogel en Avignon (France), Panfilo Castaldi à Feltre (Italie) et Laurens Coster à Haarlem (Hollande).

Inutile de prolonger le vieux débat sur l'invention de la typographie. Constatons simplement que le xve siècle a inauguré l'ère de l'imprimerie industrielle.



Jan BRITO en aura été l'un des pionniers.

La Légende


Un peu d'histoire...


Bruges au XV siècle


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© association «Maison Jan-Brito» Pipriac, Ille et Vilaine, Bretagne.